La naissance des barreaux remonte au début de
l'ère chrétienne. C'est l'empereur Justin qui fut le premier à
admettre officiellement le regroupement des avocats. En France,
une ordonnance rendue en 1274 par le roi Philippe III Le Hardi,
qui obligeait les avocats à prêter un serment atteste l'existence
d'un barreau et en 1345, une ordonnance du roi Philippe VI énumère
les conditions d'inscription et d'exclusion du Tableau des avocats
du Parlement alors dénommé le «Rolle».
Au Moyen Âge, le Barreau avait une double fonction
: celle de corporation, au plan professionnel, mais aussi celle
de confrérie au plan religieux. À cette époque, les avocats se
réunissaient à l'occasion dans la Confrérie de St-Nicolas. Leur
chef portait alors la bannière de cette confrérie en la tenant
par le «bâton». D'autres diront aussi que la statue de St-Nicolas,
située près de la chapelle St-Nicolas au Palais de justice de
Paris, était «en raison de sa forme très allongée assimilée à
un bâton : l'avocat considéré comme le plus digne par ses confrères
portait le bâton au cours des cérémonies et le bâtonnier saluait
du bâton en allant à l'offrande et en revenant». C'est donc à
un «bâton» et à St-Nicolas que l'on doit la désignation de «bâtonnier».
Mais pourquoi alors utilise-t-on le terre «Barreau»? Le dictionnaire
le définit comme étant un «espace, autrefois fermé par une barrière,
qui est réservé au banc des avocats dans les salles d'audience».
À titre d'illustration, voyons la teneur d'une
requête présentée le 13 juin 1781 dans le district de Québec devant
la Cour des plaidoyers communs par quatre avocats de Québec. Ces
hommes de loi se plaignent qu'«ils sont très gênés à la table
du barreau par les particuliers qui viennent s'y asseoir et se
mettent à leurs côtés» puisque ceux-ci fouillent constamment dans
les papiers de leurs clients placés sur cette table, «que l'étendue
de la table ne peut qu'à peine suffire au nombre actuel des avocats
et à la place nécessaire à leurs papiers, que les bancs en dedans
du
barreau où se trouvent ordinairement les jurés conviendraient
très bien aux messieurs auxquels la Cour voudrait faire politesse
de s'asseoir, que les bancs hors du barreau sont très commodes
pour le peuple, et que par ce moyen la table serait conservée
à la sûreté des papiers». Les requérants concluaient en demandant
à la Cour de «permettre aux avocats de faire faire à leurs frais
une barre à l'entrée des sièges qui seulement entourent la table
et qu'il soit ordonné à l'huissier audiencier de n'y laisser entrer
que les avocats...». Ce que la Cour accepta sept jours plus tard.
C'est donc par extension que le terme «Barreau» désigne aujourd'hui
la corporation professionnelle des avocats.